« Nous sommes ensuite entrés dans le bâtiment. A mesure que nous montions l’escalier, un bruit de gouttes d’eau se faisait plus présent. Au premier étage, nous avons fait un arrêt devant l’entrée des toilettes.            

           « Obstruction

(20 sacs à gravats en plastique, remplis de cartons, polystyrène, bouteilles d’eau, fil de fer, etc. Son de gouttes d’eau qui tombent.)

J’ai reconstitué le processus. Cause et conséquence d’un dégât des eaux : l’eau qui détruit et le chantier avec sa prolifération de sacs remplis de gravats. Deux  moments successifs que j’ai rendus simultanés.                      

En obstruant l’espace des toilettes avec un trop-plein de sacs, j’ai voulu faire ressentir l’angoisse devant une telle invasion. Qu’on se sente oppressé par cet entassement qui pourrait s’écrouler. Repoussé par ce mur qui empêche l’accès à cette pièce d’eau importante.              

Des mots-clefs pour cette installation : débordement, submersion, intrusion, contrainte.       

Le bruit des gouttes d’eau introduit un espace temporel. Il s’éprouve dans la durée. Ne s’interrompant pas, il devient anxiogène, insupportable. L’eau peut être une nuisance sonore. » »

 

Extrait de Dégât Des Eaux, Fabienne Gillmann, janvier 2016, p.31-32