« Dans la même salle [la grande salle de cours], j’ai invité le jury à se déplacer de quelques mètres, à se pencher sur un sac remplis de « bulles », à les prendre dans la main.

« Sac de Bulles d’Eau

(Sac à gravats en plastique, préservatifs remplis d’eau, photographies d’une peinture d’ArToll, agrafes.)

Ce sac contient des « gouttes » d’eau. La photo de la peinture contenue dans les bulles, représente la pièce de mon appartement, avec le plafond troué et les quatre étais.

J’ai enfermé cette scène comme pour contrôler l’événement, l’agent destructeur, le « monstre ». Derrière la paroi de latex, il est rendu inoffensif. On peut alors toucher ces bulles et les tenir en main

Double sensation : optique et tactile. L’image est alternativement rapprochée ou mise à distance selon les effets d’optique grossissant ou éloignant. Quant à la sensation tactile, charnelle, elle est agréable, non dénuée d’humour, ce qui est une façon d’exorciser la « catastrophe ». Le danger qui vient d’ailleurs, du dehors, je le mets dedans.

Le latex protège du danger mais il est cependant fragile. Le risque est réel qu’il se perce. Ces petites poches d’eau peuvent vraiment se transformer en flaque d’eau. Elles sont éphémères, les photos se dégradant peu à peu. » »

 

Extrait de Dégât Des Eaux, Fabienne Gillmann, janvier 2016, p.33